Alors qu’ils entament leur dixième jour de course dans le cadre de la 10e édition du Vendée Globe, Benjamin Dutreux et ses concurrents retrouvent petit à petit de la pression. Pour preuve, ce mardi, en tête de flotte, certains cavalent déjà à plus de 20 nœuds quand les autres promettent de leur emboîter rapidement le pas. Si cette franche accélération est évidemment salvatrice pour les marins qui ont bataillé dans les grains et la molle ces derniers jours, elle ne sera malheureusement que de courte durée car la prochaine difficulté se profile déjà à l’horizon : le fameux Pot-au-Noir !

« Il y a peu, j’ai refait un décalage rapide dans l’ouest pour éviter une zone de grains qui ne me semblait pas terrible mais notre mission du moment reste d’aller vers le sud en essayant de trouver un bon couloir », a expliqué Benjamin Dutreux dont la trajectoire commence à converger, comme celle de tous les autres marins du groupe de l’ouest, vers un point situé entre le 20e et le 15e Ouest. Un point qui devrait, en théorie, être le meilleur passage pour franchir la zone de convergence intertropicale. « J’essaie de théoriser les choses, de faire corréler ce que je vois sur les cartes et les fichiers avec ce qui se passe en réalité sur l’eau mais il n’en ressort rien de vraiment cohérent. Il faut fonctionner avant tout au feeling », a ajouté le skipper de GUYOT environnement – Water Family. 

Déjà anticiper le coup d’après 

« J’essaie de trouver petit à petit le trou de souris qui me semble le meilleur pour la suite du programme car le Pot-au-Noir, c’est une chose mais c’est surtout ce qui suivra ensuite qui sera déterminant », a déclaré le Sablais qui se projette d’ores et déjà dans l’hémisphère Sud où, pour l’heure, la situation semble tout aussi complexe que dans l’autre. « La question est de savoir si on arrivera ou non à accrocher une dépression au large du Brésil qui nous propulsera ensuite jusqu’au sud de l’Afrique. Je surveille ça même si, bien sûr, je sais qu’il va être important de passer correctement le front tropical qui nous attend dans l’immédiat. La bonne nouvelle, c’est qu’il s’annonce moins copieux (comprenez moins actif, ndlr) pour moi que pour les gars qui sont devant », a détaillé le solitaire, conscient néanmoins que c’est une zone très aléatoire ou, de surcroît, les choses peuvent très vite évoluer et changer du tout au tout.

Une progression toujours à coups d’élastique 

« En attendant de savoir exactement à quelle sauce je vais être mangé, je reste concentré car si ça va accélérer dans les heures qui viennent avec un flux d’alizé relativement soutenu, ça va continuer de fonctionner à coups d’élastique. Ce genre de situation, c’est rigolo dans les moments où on revient sur ceux de devant mais un peu moins quand ce sont ceux de derrière recollent ou ceux de devant qui repartent », a assuré Benjamin, actuellement pointé en 17e position au sein d’une flotte qui demeure extrêmement groupée à ce stade de la course. « Les conditions sont sympas et il y a un peu de jeu donc c’est cool même si je manque d’un petit copain proche de moi pour jouer des coudes. Je vais essayer d’aller en trouver un plutôt devant ! », a promis le navigateur qui devrait, en ce qui le concerne, faire son entrée dans le fameux Pot-au-Noir dans la journée de jeudi et y rester plus ou moins 24 heures. Affaire à suivre donc !