Après avoir franchi le cap de Bonne Espérance puis fait son entrée dans l’indien hier, Benjamin Dutreux s’est donc engouffré dans le tunnel du Grand Sud, franchissant indiscutablement une étape décisive dans sa course. Désormais plongé dans les dangers et les merveilles d’un territoire unique, à la fois immense, isolé et inhospitalier, le skipper de GUYOT environnement – Water Family se prépare à un combat d’un mois contre des forces naturelles sans pitié !

« Je suis content d’avoir passé le cap de Bonne Espérance et d’être rentré dans l’océan Indien. Les conditions ont été bien sauvages avec 35 nœuds de vent sur une mer très désordonnée. Ce n’était pas facile de trouver le bon compromis pour faire avancer le bateau sans prendre trop de risques mais j’ai plutôt bien géré », a relaté Benjamin Dutreux qui attaque désormais l’un des chapitres les plus redoutés et fascinant de sa course avec, à la clé, des dépressions générant des vents puissants et des vagues pouvant atteindre la taille d’un immeuble à la queue leu-leu. Des dépressions dont il a eu un premier petit aperçu, au sud de l’Afrique du Sud, avec, en prime, les tourbillons du courant des Aiguilles, l’un des courants de surface les plus forts et les plus irréguliers qui soient. « Les vents s’opposent à la direction principale du courant en entretenant une houle et des vagues cassantes et dangereuses. J’ai essayé de les éviter mais je n’ai pas toujours réussi même si je suis parvenu à contourner trois zones un peu pourries », a détaillé le Sablais qui bataille actuellement dans de la molle, dans une zone de transition entre deux systèmes.

« Un peu groggy »
« Je ne sais pas trop à quelle sauce on va être mangé par la prochaine dépression. Je l’observe arriver avec attention. J’aimerais bien passer dans son sud car ce serait beaucoup plus court mais je n’y crois pas des masses », a détaillé le marin qui profite de ce petit temps de répit pour faire le tour de son bateau afin de vérifier que tout va bien, conscient que le prochain coup de vent qui se profile d’ores et déjà à l’horizon augure d’une longue série, ce qui n’est d’ailleurs pas sans lui rappeler quelques souvenirs. « Il y a quatre ans, après chaque passage de « dép » dans le Grand Sud, je me sentais comme groggy. Je retournais sur le pont avec le sentiment que cela ne m’était pas arrivée depuis des années et celui de redécouvrir un peu l’extérieur. C’est pareil cette fois. Les mouvements du bateau redeviennent tout doux après avoir été très brusques, ce qui procure une sensation un peu bizarre. C’est marrant de retrouver cette expérience », a noté Benjamin que les mers du Sud vont défier par leur brutalité mais aussi lui offrir des instants exceptionnels jusqu’au passage du cap Horn. « Pour le moment, il ne fait pas encore trop froid. J’essaie de trouver le bon trou de souris pour me placer pour la suite », a précisé Benjamin qui devrait de nouveau rapidement accélérer la cadence dans les heures qui viennent mais aussi avoir l’opportunité de revenir sur certains de ses concurrents, à commencer par Clarisse Crémer. De quoi le galvaniser en grand !