Partis dimanche en tout début d’après-midi des Sables d’Olonne pour un marathon XXL de 45 000 kilomètres autour de la planète, Benjamin Dutreux et ses 39 concurrents du Vendée Globe, qui ont avalé les premiers milles du parcours au ralenti, ont radicalement changé de rythme, hier soir, à la sortie du golfe de Gascogne. Les petits airs erratiques ont en effet cédé la place à des conditions nettement plus toniques. Ces dernières heures, le passage, toujours délicat, du cap Finisterre, s’est donc révélé fidèle à sa réputation. Joint ce mardi matin par son équipe, le skipper de GUYOT environnement – Water Family, auteur d’un début de course bien maîtrisé, a livré quelques détails.

« Tout va bien mais les conditions sont un peu sauvages ! Le vent moyen souffle entre 25 et 30 nœuds avec de grosses risées à 40 et la mer assez chaotique. C’est costaud mais on progresse bien donc c’est cool », a commenté Benjamin Dutreux qui aura donc à peine eu le temps de se remettre de ses émotions du départ avant de se retrouver pleinement plongé dans le vif du sujet dans cette 10e édition du Vendée Globe. Et pour cause, si les premiers milles pour s’extirper de la baie des Sables d’Olonne ont nécessité une attention de tous les instants sur les réglages du bateau, l’arrivée de ce premier front aux abords de la pointe nord-ouest de la péninsule ibérique oblige également à la plus grande concentration. « Depuis le départ, c’est assez intense car les conditions sont très instables, à la fois en force et en direction. Au tout début, j’ai eu du mal à trouver les bonnes ouvertures et les bonnes trajectoires pour aller vite et au bon endroit. En somme, j’ai eu un peu de mal à me mettre dedans », a commenté le skipper de GUYOT environnement – Water Family qui évolue actuellement aux portes du Top 10 (en 11e position) après avoir fait le choix, comme la grande majorité de ses adversaires, de passer à l’intérieur du DST (dispositif de séparation de trafic).

Réussir à bien doser

« Mon choix a été de raccourcir la route et de jouer la courbure du vent le long de la côte. Au final, je pense que je me suis peut-être plus embêté qu’autre chose à multiplier les empannages en comparaison avec ceux qui, comme Boris Herrmann, ont préféré passer à l’extérieur », a détaillé le Sablais qui continue, pour l’heure, d’enchaîner les manœuvres pour se recaler petit à petit dans l’ouest et ainsi conserver un maximum de pression, une zone de dévents étant logiquement présente le long des côtes espagnoles par régime de vent de nord-est. « Après une nuit comme celle-ci, ça tire un peu sur la corde en termes de fatigue. Ça va normalement rester musclé jusqu’à ce soir mais devenir un peu plus reposant ensuite », a ajouté le navigateur vendéen qui tente de gérer le rythme de la meilleure des manières afin d’éviter de mettre dans le rouge d’emblée. « J’ai hâte que ça se calme un peu pour, précisément, ne pas reproduire la même erreur que j’avais faite il y a quatre ans », a souligné Benjamin qui, selon sa propre expression, s’était un peu brulé les ailes en ne se reposant pas assez avant de retrouver les alizés. Pas simple, néanmoins, de trouver la bonne cadence lorsque le jeu de la régate au contact est aussi prégnant… et passionnant !

Vidéo du départ