Après son déchargement à Hambourg le 28 mai dernier, le bateau est arrivé à Kiel où l’équipe technique, 8 boat builders internationaux et un mât neuf les attendaient. La course contre la montre a alors débuté !
L’équipe disposait de 4 jours top chrono pour tout réparer avant la sortie de l’IMOCA du chantier lundi et être en mesure de prendre le départ de l’étape 6 qui a eu lieu aujourd’hui à Aarhus. Rapidité, efficacité, sérieux, chaque minute a compté. Ils ont travaillé, ardemment jour et nuit pour réparer le bateau. Lors du démâtage, de nombreuses pièces ont été endommagées.
Du côté des experts en stratification , après, un contrôle au taping, ils ont découpé les parties des cloisons qui n’étaient structurellement plus viables, puis ont remplacé ces morceaux de nid d’abeille par des morceaux de mousse. Ils ont ensuite re-stratifié les cloisons en appliquant des couches de fibres de carbone solidifiées par de la colle. Les deux cloisons sont ainsi structurellement solides et unifiées comme si elles n’avaient jamais été découpées.
Le pallier de quille a également été réparé. Les dernières vérifications au contrôle NDT ont été réalisées. Pour ce dernier, une machine ultrason est passée le long de la partie endommagée. Les ondes qui réagissent différemment en fonction de la continuité ou discontinuité du matériau qu’elles rencontrent, permettent d’en déterminer l’intégrité.
L’un des foils, avait subit les coups du mât lorsque ce dernier était tombé. Un autre expert en composite l’a donc découpé sur 2 mètres avant d’y remettre une pièce de carbone et de le re-stratifier à l’instar des cloisons avant d’y remettre un coup de peinture.
Un des autres “gros” dossiers était la préparation du nouveau mât. Acheté à 11th Hour Racing Team, il a été réequipé d’un système électronique et de cordages et ajusté au bateau.
Benjamin, qui a suivi toutes les réparations, était très satisfait de l’avancé du chantier. Il a pu rejoindre son équipe le week-end dernier et constater la résilience et la solidarité qui leurs ont permis de réussir ce challenge impossible. « Je suis content qu’on ait pu repartir et que tout le monde puisse avoir un objectif commun en tête ! Et surtout d’avoir retrouvé l’équipe et d’être avec eux. C’est cool de voir ce bel effort collectif ! On était dans un beau chantier à Knierim et la partie allemande de l’équipe nous soutient vraiment sur les compétences et la main d’œuvre. Ils ont beaucoup avancé en très peu de temps. »
Si proche du but !
Après avoir, « rassemblé » toutes les pièces du puzzle, comme le dit Benjamin, le bateau était fin prêt pour rejoindre le port d’Aarhus. Quille, foils, safrans et surtout mat ont été mis en place dans accros. Pour convoyer le bateau, Pedro, Charles, Thomas de l’équipe technique et Phil et Seb de l’équipe navigante sont partis mardi soir aux alentours de 19h. Ils ont pu passer par une partie du parcours de l’étape 6 : le fjord intérieur de Kiel.
La traversée de nuit vers Aarhus a été l’occasion de vérifier les systèmes et de trouver les réglages du nouveau mât.
De retour dans la famille The Ocean Race !
« Rien n’est impossible, seules les limites de nos esprits définissent certaines choses comme inconcevables » Marc Lévy.
Lorsque le moment d’accoster au port est venu, l’équipe a vécu un moment de partage incroyable. Tous les membres étaient au rendez-vous. Mais pas seulement, toutes les autres équipes de The Ocean Race sont venues célébrer la réunion des cinq équipes. Pour la deuxième fois, GUYOT environnement – Team Europe se relève d’un coup dur, après l’avarie de coque survenue dans les mers du Sud le 1er mars. Si sportivement, l’équipe européenne ne peut plus remonter de la dernière place du classement de The Ocean Race, l’aventure humaine que cette course leur a permis de vivre est indescriptible.
C’est grâce à la solidarité de toute une course et de ses équipes que nous sommes aujourd’hui à quai à Aarhus. Un immense merci à Biotherm, 11th Hour Racing, Team Holcim – PRB, Team Malizia ainsi que GUYOT environnement et tous nos partenaires, sans oublier toutes les personnes qui nous suivent… Cela nous a permis de rendre l’impossible possible!
Une pensée particulière pour le chantier Knierim de Kiel qui nous a accueilli ainsi que pour Marc Pickle et ses acolytes qui ont grandement participé à cette mission commando !
Et bien entendu un immense MERCI et BRAVO à toute l’équipe GUYOT environnement – Team Europe qui a fait preuve d’une incroyable résilience durant cette épreuve.
« Ça a été une gigantesque mission pour tout le monde et le fait d’être aujourd’hui prêt à reprendre la course, c’est quelque-chose qui fait véritablement chaud au cœur. C’est un grand plaisir et une immense satisfaction ! », savoure Benjamin Dutreux
Que l’étape 6 commence !
« Assembler toutes les pièces du puzzle en seulement cinq jours : voilà le pari qui a été tenu. Cela a généré une adrénaline monstre chez chacun d’entre nous. La pression est un peu redescendue hier matin, à notre arrivée à Aarhus. Celle-ci est toutefois d’ores et déjà en train de remonter à l’approche du coup d’envoi de cette sixième étape », annonce Benjamin qui s’est élancé, sur les coups de 18h15, dans la 6ème étape de The Ocean Race.
Avec 800 milles nautiques, la sixième étape est peut-être la plus courte de la course, mais c’est aussi l’une des plus complexes. Après avoir quitté Aarhus, la flotte se dirigera vers le sud pour un fly-by à Kiel (Allemagne) avant de remonter vers le nord le long de la côte est du Danemark. Une fois le pays contourné, la flotte quittera la Baltique et entrera en mer du Nord pour descendre vers le sud jusqu’à l’arrivée à La Haye (Pays-Bas), prévue dimanche 11 juin. cette course représente malgré tout un sacré morceau avec, au menu, la gestion des brises thermiques le long des terres danoises, allemandes et hollandaises, de forts courants, des effets de site, des zones interdites à la navigation, des plateformes pétrolières et un important trafic maritime. En somme : tous les ingrédients d’une régate côtière sous haute-tension !
« Il va y avoir énormément de paramètres à prendre en compte et dont il faudra se méfier. Sur le plan stratégique, ça s’annonce super intéressant. Pour ma part, j’aime plutôt bien ce type de format, proche de celui d’une étape de Solitaire de Figaro », détaille Benj’ qui se prépare à un véritable sprint en mer Baltique et en mer du Nord. « On va cravacher et repousser nos limites pendant trois jours. Ça va être intense mais chouette », promet Benjamin. « Nous allons naviguer dans des coins que Robert et Phillip, tous les deux Allemands, connaissent bien. Ce sera certainement un atout ». L’équipage pourra aussi compter sur l’expérience de la régate au contact et des connaissances en micro-météo de ses équipiers. « On part dans un contexte particulier mais avec une énorme niaque. On a vu Biotherm remporter l’In-Port race lundi, au lendemain de leur arrivée de la cinquième étape marquée, pour eux, par la rupture d’un hauban. Cela montre que rien n’est impossible. On a clairement envie de faire les choses proprement, de bien naviguer et de continuer à progresser sur le bateau. Envie aussi et surtout de montrer que l’on est de retour dans la course et pas pour rien ! ». C’est dit !